La colère du peuple ⎜ MANIFESTE#1

Film, son mono ; 49' ¬ 2016

Film, 49′, couleur son mono © 2026. Projet réalisé avec l’aide du Soutien aux maisons de production Centre national des arts plastiques (CNAP / image-mouvement) et de la Ville de Marseille. Co-production 529 Dragons, diffusion : Association Ā

Synopsis ︱ Trente ans après la Révolution Démocratique et Populaire menée par Thomas Sankara, la chute du régime de Blaise Compaoré pointe à l’horizon. Le peuple burkinabè, et notamment sa jeunesse, se mobilise avec force en inventant de nouveaux outils et slogans de contestation citoyenne. L’action se déroule à Bobo-Dioulasso, la seconde ville du pays. MANIFESTE est un projet d’arts visuels qui se construit dans une relation directe avec l’Histoire et à ses mouvements. 


La trilogie s’ouvre avec ce film de cinéma direct. En octobre 2014, au Burkina Faso, c’est une insurrection populaire qui emporte le régime de Blaise Compaoré au pouvoir depuis 27 ans. En 2013, alors que les révolutions arabes secouent le monde, un vent de colère s’empare du Burkina Faso. La seule réponse aux innombrables crises qui accablent les burkinabè, ce sont les carterpillars envoyés par les gouverneurs pour broyer les masures des non-lotis alors que des des recensements bidon permettent d’attribuer les terres ainsi libérées à des élus de secteur, des fonctionnaires ou des grands commerçants. La gestion calamiteuse de l’État conduit dans les hôpitaux à la pénurie d’oxygène, d’anesthésiants ou de kits d’accouchement mais aussi à l’écoulement de produits avariée en provenance des pays d’Asie et du Maghreb alors que les gens ont faim. La Colère du peuple rend compte, aux côtés des militants et de la population, d’une libération de la parole dans l’espace public.

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Extrait de l’entretien de Jean Cristofol et Frédérique Lagny | Publication Revue documentaires

La colère du Peuple est un film qui s’inscrit dans le long travail que tu mènes au Burkina Faso, et en particulier à Bobo-Dioulasso, où tu résides quand tu es là-bas. Ce travail se développe depuis maintenant une douzaine d’années, au fur et à mesure de tes allers et retours, dans le mouvement de ta propre existence. Il a pris des formes différentes et ces formes continuent de se développer parallèlement les unes aux autres. Elles tissent un ensemble, dialoguent entre elles, évoluent en fonction des projets, du propos des contextes dans lesquelles elles se présentent. Il en résulte une grande diversité de propositions qui gardent pourtant un lien entre elles, un lien très fort, très sensible. Or il me semble qu’un tournant s’est opéré ces derniers temps, avec l’idée d’un projet d’ensemble qui conjugue ces formes différentes, et que tu as appelé MANIFESTE, un ensemble constitué d’éléments autonomes, chacun capable d’exister par lui-même, mais qui est traversé par une même pensée, une même nécessité. La colère du peuple fait partie de cet ensemble, comme l’exposition de photographies sérigraphiées des monuments du Burkina que tu viens de présenter à Marseille, à La Compagnie, en fait aussi partie. D’un côté des photographies retravaillées sous la forme de grands posters monochromes qui évoquent le récit héroïque ou « héroïcisé » de l’histoire récente du Burkina. De l’autre côté, un film marqué par l’urgence, filmé dans la rue, au fur et à mesure que les événements qui ont conduit à la chute de Blaise Compaoré se déroulaient.